Je sais, tu veux jouer mon amour. Mais à quoi? Je ne sais plus. On dirait que toi non plus.
Avant, on jouait aux cartes. Que ce soit avec celles de la PatPatrouille, de Peppa Pig ou de Dora, on jouait au jeu de mémoire, à Go Pup (Pige dans le lac version Pat Patrouille) et on s’était inventé notre propre jeu appelé « Bingo ». Quand on gagnait, on chantait B-I-N-G-O, B-I-N-G-O… Tu te rappelles? Peut-être pas, non… Ou bien, juste très loin au fond de toi. Est-ce ce petit souvenir de bonheur du jeu avec moi qui te fait me dire « Jeu maman »? J’aime le croire. Même si maintenant, les cartes, tu ne fais que les regarder. On ne réussit plus à en trouver deux pareilles. Assis un en face de l’autre, j’ai l’impression qu’on se demande, tous les deux, ce qu’on doit faire. Mais on est là, tous les deux, ensemble. Je m’accroche à cette connexion. Et toi, même si tu as oublié toutes les règles des jeux, il semble te rester le goût de jouer. N’est-ce pas le plus important?
Je sais, tu veux jouer mon amour. Mais à quoi? Je ne sais plus. On dirait que toi non plus.
Avant, on faisait des casse-têtes. De la Pat Patrouille, de Dora, de Caillou, de Passe-Partout. Comme tu étais le champion des 24 morceaux, j’avais acheté des 36 morceaux. Tu les faisais seul, moi je t’encourageais et je rangeais avant que tu lances les morceaux par terre. Puis, tu as commencé à te fâcher contre les morceaux. J’en ai enlevés pour te permettre de réussir, j’ai commencé à placer les morceaux aux endroits pour te faciliter la vie. Puis, j’ai acheté des casse-têtes en bois avec des formes d’animaux. Un peu comme les premiers que tu avais fait quand tu avais presque deux ans. Tu cherches encore à réussir, à me regarder exploser de joie quand tu termines, à te traiter de champion. Mais la flamme n’y est plus. C’est trop compliqué maintenant. Mais on est là, tous les deux, ensemble. Je m’accroche à cette connexion. Et toi, il semble te rester le goût de jouer. N’est-ce pas le plus important?
Je sais, tu veux jouer mon amour. Mais à quoi? Je ne sais plus. On dirait que toi non plus.
Avant, on dessinait et on coloriait. Dans des livres de Mickey, de la Pat Patrouille, de Peppa Pig et de Caillou. Tu choisissais les couleurs, tu traçais des lignes, des ronds. Quand tu dessinais, tu aimais rendre ta feuille multicolore! Tu me demandais de t’aider à dessiner des piscines, des arcs-en-ciel, des bonbons. Beaucoup de bonbons. Puis, tu as commencé à délaisser les lignes courbes, les formes. Je l’ai bien vu la difficulté s’installer. Au lieu de gagner des cordes à ton arc, tu t’es mis à perdre des traits, des couleurs. Jusqu’au goût de dessiner. Maintenant, tu aimes surtout manger les crayons, à mon grand désarroi. Mais tu cherches encore à colorier. À barbouiller les pages de ton cahier de la Pat Patrouille ou de Peppa Pig. Tu cherches encore à m’épater, à m’entendre te dire : « Oh, c’est beau! ». Ton talent en dessin se fait de plus en plus rare. Ma patience, devant tes frasques, s’évapore. Mais on reste suspendus à nos couleurs. On est là, tous les deux, ensemble. Je m’accroche à cette connexion. Et toi, même si tu ne sembles plus trop quoi faire avec tes crayons, il semble te rester le goût de colorier. N’est-ce pas le plus important?
Je sais, tu veux jouer mon amour. Mais à quoi? Je ne sais plus. On dirait que toi non plus.
Pourtant…
… Il semble encore te rester le goût d’être avec moi.
Et ça, c’est le plus important.
Ta maman d’amour xxx
Gardez l'espoir malgré tout car notre force spirituelle est plus forte que tout. Bon courage à vous deux!