Sourires printaniers
- Édith Lacroix
- 19 mai
- 2 min de lecture
Hier, je suis allée me promener avec Félix-Antoine. Je lui ai montré les arbres, les fleurs, lui faisais remarquer les diverses nuances de vert, le chant frétillant de la paruline jaune. Lui, assis dans son fauteuil roulant / poussette adaptée, m’écoutait. Ou plutôt, il me laissait parler. Je sais qu’il m’entend, aime le ton calme et enjoué de ma voix qui lui explique la beauté de la nature. Il absorbe l’ambiance et la beauté à sa façon. Avec un petit filet de bave, ce qui finit de lui donner un petit air convaincu.

Hier, sur le bord du fleuve, on dirait que je connaissais une tonne de gens. Ils étaient nombreux à me saluer ou à me faire un sourire. Eux aussi étaient contents de profiter de la seule heure sans pluie de la journée ! C’est ce que je me suis dit, avant de me rappeler que je poussais mon fils dans son fauteuil roulant / poussette adaptée, avec son filet de bave faisant le pont entre sa bouche et son manteau de printemps.

Ces sourires étaient donc des sourires de… compassion ? Pas juste une pure bonne humeur ? Des sourires de… de pitié, peut-être ? Merde ! Pendant 15 secondes, j’ai « processé », puis j’ai eu le goût d’envoyer chier tout le monde. Je n’en veux pas de sourires forcés par une pitié obligée !
MAIS, je me suis vite ressaisie. J’ai ravalé ce reflux acide pour laisser monter un éclair de gratitude. Dans le fond, ces sourires m’ont fait l’effet d’un rayon de soleil, d’une brise de bienveillance. Alors, je vous remercie de nous voir dans toute notre différence. Merci de nous saluer.
Merci simplement de ne pas nous ignorer.
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